Dans un entretien qu’il nous a accordé, le ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique revient sur les polémiques entourant le déploiement du compteur communicant Linky. L’occasion pour Bercy d’insister sur l’intérêt de ce smart meter dans le processus de transition énergétique, mais aussi de balayer les craintes entourant le boitier d’ERDF.

35 millions de compteurs communicants Linky seront déployés en France d’ici 2021. Une opération d’envergure dont la réussite conditionne à elle seule le succès de la transition énergétique, puisque Linky est la première brique des smart grids, réseaux électriques intelligents qui nous permettront de piloter notre consommation. Consommer moins, mais aussi consommer mieux grâce à une meilleure intégration des renouvelables, voilà ce que rend possible l’outil d’ERDF.

Pourtant, depuis quelques mois, le débat public entourant le déploiement des boitiers vert anis se cristallise autour d’autres enjeux. A en croire certains, le courant porteur en ligne (CPL), technologie nécessaire à la transmission des données recueillies par le compteur, serait dangereux pour l’homme. Les données récoltées seraient par ailleurs utilisées à des fins commerciales, à l’insu des consommateurs et sans considération pour leur vie privée.

Autant d’assertions qui ont pour conséquence d’évacuer du débat la question de l’utilité de Linky, qui devient ainsi pour un certain nombre de Français une innovation à l’intérêt douteux, tandis que sa dangerosité serait de plus en plus avérée. Le compteur d’ERDF, inefficace, dangereux et intrusif, vraiment ? Pour le ministère de l'Economie, qui a bien voulu répondre à nos questions, ce procès est expéditif et infondé. 

Adieu l’opacité des factures

Mais au fait, pourquoi un nouveau compteur, et pourquoi faut-il qu’il soit « communicant » ? Pour Bercy, la réponse est évidente : « Aujourd’hui, le réseau dispose de compteurs installés il y a une trentaine d’années qui mesurent de manière assez grossière les consommations, cela ne permet pas de proposer des offres de fourniture d’électricité très sophistiquées. Il n’y a que deux types de tarifications concernant l’énergie électrique : une offre à prix fixe toute l’année, et une offre heures creuses/heures pleines contraignante. Par ailleurs, le consommateur est parfois invité à faire lui-même le relevé des compteurs, et peut être soumis à une régularisation surprise en fonction de ses consommations réelles. Ce genre de situation l’amène souvent à déclencher un litige avec son fournisseur, car il ne comprend généralement pas pourquoi sa facture a augmenté. »

Instrument de mesure ultra précis, « Linky va ainsi faire disparaître l’opacité entre client et fournisseur, il va permettre d’avoir des relevés de consommation beaucoup plus fins (effectués en moyenne toutes les 15 minutes), et donner la possibilité au consommateur de constater en direct où l’énergie est utilisée ». Et ce n’est pas du luxe ! Selon un récent sondage Ifop, actuellement, « 9 Français sur 10 ne comprennent pas l’intégralité de leurs factures d’électricité ».

Bonjour les économies d’énergie

Avoir une connaissance en temps réel et pointue de sa consommation, très bien, mais pour quoi faire ? En plus d’éviter les régularisations fâcheuses, cette transparence permettra de mettre en place « une tarification dynamique de l’électricité, en fonction de l’heure de la journée, ce qui incitera au final à ne pas consommer durant les heures de pointe (généralement aux alentours de19 heures), mais plutôt à 15 heures par exemple, lorsque le soleil est au beau fixe et la production photovoltaïque forte. La mise en place d’un tel système de tarification n’est possible que grâce au compteur intelligent, car il permet au gestionnaire de mieux lisser les flux de consommation entrants et sortants », toujours selon Bercy. De 4,5 à plus de 11 % d’économies sur les factures sont attendues, selon une étude de l’ADEME.

Ondes et « on-dit »

Sur le Net, la plupart des critiques s’articulent autour de la dangerosité supposée de la technologie CPL. Une technologie qui consiste à superposer des radiofréquences sur les câbles électriques existants, le courant étant donc ici « porteur » de paquets de données. Pour Bercy, « effectivement, lorsque l’appareil commence à envoyer des informations, c'est-à-dire une fois par jour, il émet des ondes, de la même façon qu’un smartphone, mais leur puissance est extrêmement faible, beaucoup plus que la plupart des appareils généralement présents dans une maison ou un appartement, appareils qui pour leur part émettent en permanence. » Les émissions de Linky sont ainsi beaucoup moins importantes que celles d’un fer à repasser, d’un frigidaire, d’un grille-pain ou… d’une ampoule basse consommation.

Donner (ou pas) ses données

Autre motif d’inquiétude, celui de la protection des données, que Bercy écarte vite : « Concernant la protection des données personnelles, tout ce qui a été récolté restera dans le compteur si le consommateur le souhaite. Et ce n’est que si ce dernier veut souscrire à une tarification plus dynamique que ses données pourront être transmises à son fournisseur afin d’obtenir un suivi et une tarification personnalisés. » Un Opt in voulu par la CNIL, supposant le consentement préalable écrit et exprès du consommateur pour toute transmission des informations le concernant au système d’information d’ERDF, ou a fortiori à des tiers.

Directeur du programme Linky d’ERDF, Bernard Lassus précise par ailleurs que ces données concernent « des électrons qui passent » et ne permettent pas « de savoir de quel appareil en particulier ils proviennent ». Pour résumer, les données seront donc verrouillées sauf volonté contraire des utilisateurs, et n’ont pas pour objet de permettre de savoir à quoi ce dernier est affairé à tel ou tel moment de la journée, mais simplement de mesurer son activité électrique.  

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.