Le groupe pétrolier Total a déclaré vouloir développer une stratégie dans la capture du carbone et son stockage. La technologie vouée à cette mission est encore peu répandue en Europe, où les prix du CO2 sont faibles.
L'idée de capturer et stocker du CO2 était dans l'air du temps il y a quelques années, mais le secteur a du mal à se développer, car la technologie dédiée est complexe et chère. Les principaux projets consistaient en une capture des molécules de carbone à la sortie des usines, afin de les stocker dans de grands réservoirs géologiques.
Mais Philippe Baptiste, directeur de la R1D chez Total, estime que cette industrie ne pourra pas se lancer tant que le prix du CO2 sera si bas (10 euros la tonne actuellement). Selon lui, le marché de la capture est du stockage du carbone (CSS) ne pourra véritablement décoller qu'à partir de 50 à 60 euros la tonne, sachant qu'à l'heure actuelle, seuls quelques démonstrateurs ont été menés à leur terme en Chine et Amérique du Nord.
Toutefois, Total juge le stockage incontournable en vue de combattre les émissions de CO2., la seule « vraie solution », explique M.Baptiste, qui précise que le groupe pétrolier va désormais consacrer 10% du budget annuel de sa R&D, qui équivaut à 1,1 milliard d'euros, dans la CSS.
Ancien chercheur au CNRS, Philippe Baptiste pense que cette initiative est un tournant dans la stratégie de recherche et développement de Total et une opportunité conséquente en terme de revenus pour le groupe à moyen terme.
Responsabilité sociétale
Bien entendu, le budget R&D reste essentiellement destiné à l’amélioration des technologies d’exploration-production pour les énergies fossiles, notamment grâce à l'utilisation d'outils numériques et de gestion de données, une démarche qui est encore récente dans l'industrie de l'énergie, précise M.Baptiste. Mais la réorganisation au sein du pétrolier – le plan One Total démarré en 2016 – a permis à la R&D de faire émerger de nouveaux secteurs d'exploitation, comme le photovoltaïque, pour lequel Total œuvre désormais afin de mettre au point de nouvelles technologies de panneaux et faire baisser le coût des cellules. D'ailleurs, une partie de ces travaux est menée par Sunpower, spécialiste du solaire racheté par le pétrolier en 2011.
Autre domaine dans lequel Total s'investit : les réseaux intelligents. En effet, le groupe tente de faire avancer l'ensemble du secteur pour, à terme, disposer d'une énergie électrique peu chère et maitrisée. Cela passe par le développement de projets d'efficacité énergétique, d'intégration des énergies renouvelables et de stockage d'électricité, en témoigne la récente acquisition du producteur de batteries Saft en 2016.
L'ultime volet R&D chez Total est donc le CSS, qui représente l'engagement du pétrolier vis-à-vis de la société, en raison de ses activités d’exploitation du gaz et du pétrole, des secteurs à fortes émissions.
